Belgique - Burkina Faso
Les chiffres du paludisme
L’épidémie du coronavirus qui affecte depuis un an maintenant la planète entière a bouleversé les populations au niveau mondial et nous a fait prendre conscience de notre fragilité humaine. Il n’en reste pas moins vrai que d’autres épidémies, comme notamment le paludisme, ravagent depuis des décennies sinon des siècles des continents entiers avec des séquelles importantes et un taux de mortalité inquiétant. Si, sur les dix dernières années, on a pu constater une baisse des cas de paludisme dans le monde, une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé de décembre 2019 estime tout de même les cas de paludisme à 228 millions en 2018, la plupart des cas (213 millions soit 93%) étant enregistrés sur le continent africain, essentiellement dans la zone subsaharienne. Toujours au niveau mondial, le nombre des décès est estimé à 405.000 en 2018. La région Afrique totalise à elle seule 94% de ces décès. A noter : les enfants de moins de 5 ans restent les plus vulnérables puisqu’ils représentent 67% des décès associés au paludisme (272.000).
De nombreux programmes sont mis en œuvre par de grandes organisations mondiales pour lutter contre le paludisme. Le Burkina Faso s’inscrit dans plusieurs d’entre eux. De nombreuses initiatives, plus modestes, sont mises en œuvre par des associations burkinabés ou étrangères dans un contexte local, mais de manière tout a fait concrète, en tentant d’apporter des solutions à la portée de la population et avec son concours.
Lutter contre le paludisme
Il existe bien sûr toute une pharmacopée pour lutter contre le paludisme en plus de tous les moyens et précautions à prendre pour se protéger des piqûres des moustiques. Tous ceux qui voyagent en Afrique le savent bien et emportent avec eux de quoi prévenir le paludisme et/ou de quoi y remédier en cas d’infection. Ces médicaments ont un coût facilement supportable pour des Européens qui se rendent dans des pays à risque de paludisme. Mais ils ont souvent des effets secondaires non négligeables et ils ne peuvent être pris que pendant un laps de temps court.
En Afrique, le coût de ces médicaments vendus dans les pharmacies reconnues en ville les rend inaccessibles à la majorité de la population qui en est réduite à trouver des solutions dans le commerce « de rue » ou sur les marchés qui proposent des produits pas toujours fiables, parfois périmés, approximatifs ou carrément contrefaits, avec tous les risques que cela comporte. En brousse, dans les petits villages, c’est encore bien plus compliqué de trouver un traitement valable pour soigner un palu.
On constate aussi qu’à chaque innovation en matière de médicament antipaludique, le parasite plasmodium falciparium (qui est le plus courant en Afrique de l’Ouest et responsable de 90 % de décès) développe une résistance face au traitement qu’on lui oppose obligeant à la mise au point d’un nouveau médicament : c’est un cercle vicieux, une course aux molécules pour l’industrie pharmaceutique …
A l’heure actuelle, le meilleur antipaludique s’inscrit dans une classe de médicaments dénommé ACT (Artemisinin-based Combination Treatment), comportant de l’artemisinine, un des éléments constitutifs de l’artemisia qui est au centre du projet que nous commençons.
Dans ces médicaments, l’artemisinine est associée à d’autres molécules (amodiaquine, méfloquine sulfadoxine-pyriméthamine, lumefantrine ou piperaquine) afin de renforcer l’efficacité du traitement et de lutter contre les phénomènes de résistance développés par le parasite.
Existe-t-il un vaccin contre le paludisme ?
Il est vrai que la mise au point d’un vaccin efficace permettrait de sauver des centaines de milliers de vies chaque année. Les ténors de l’industrie pharmaceutique mondiale s’y emploient et développent divers projets et effectuent de temps à autre des tests. Cependant l’efficacité reste pour l’instant relativement faible car le parasite passe par de nombreux stades différents au cours de sa vie et les résistances dont il fait montre complique encore la tâche. Certaines avancées sont prometteuses, mais il faut constater qu’il est difficile de produire un vaccin qui conférerait, après une seule inoculation, une immunité tout au moins durable à défaut d’être définitive, contre le paludisme. Il n’existe donc rien de probant en la matière à l’heure actuelle.
Il faut dire aussi que la rentabilité d’un tel vaccin concernant une population mondiale plutôt démunie ou les quelques voyageurs s’aventurant dans ces contrées n’est pas de nature à encourager la compétition chez les majors de l’industrie pharmaceutique plutôt enclins à miser sur un terrain vaccinal plus rentable comme celui contre la covid par exemple.
Pour les populations africaines, il faut donc se contenter des divers traitements existants, selon les moyens de chacun. Et c’est là que l’artemisia peut être une option intéressante.
Des rencontres prometteuses
Dans un texte précédent, nous avions fait écho à notre rencontre avec le dr Roland Moens, d’Esneux, et le projet de culture de l’artemisia qu’il a initié avec son ami, le Dr Alasanne Kaboré, à Thyou, un village de 20.000 habitants à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Pissi que nous avions eu l’occasion de visiter le 16 novembre 2019.