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" Ensemble pour demain "

Belgique - Burkina Faso

Le lycée de Pissi, un atout formidable pour l’avenir des jeunes du village et des environs malgré un contexte difficile

Le village de Pissi comporte une école primaire répartie sur deux implantations.  Elle compte une moyenne de 430 à 450 élèves chaque année. Après la classe de CM2 qui clôture le cycle primaire, les élèves qui réussissent les examens du certificat d’études primaires, peuvent commencer l’enseignement secondaire au collège de Pissi.   Lors de l’année scolaire 2018-2019, un lycée avec orientation littéraire a été adjoint au collège avec direction unique.  Il y a aussi un lycée à orientation scientifique à Kounda, à quelques kilomètres au nord de Pissi. L’entité de Pissi compte aussi d’autres villages dans un rayon de cinq à six kilomètres où l’enseignement primaire est organisé. C’est le cas pour les villages de Balonghin, Bissiga, Bonkoré, Kalghin, Kouri, Taanghin, Toundou et Yansaré qui totalisent plus de deux mille deux cents enfants dans ces écoles primaires et qui rejoignent également l’enseignement secondaire à Pissi au sortir de la classe de CM2

 

 

Actuellement, les deux niveaux du secondaire (collège et lycée) rassemblent 450 étudiants : 250 filles et 200 garçons. La toute première promotion de la classe de terminale a clôturé son parcours d’études en juin 2021.

Sur les huit étudiants de cette classe, cinq ont réussi le bac et se sont orientés vers des études universitaires.  Deux garçons ont malheureusement échoué mais redoublent leur terminale.  Et une jeune fille a abandonné les études pour fonder une famille.

Lors de cette année 2021-2022, la classe de terminale que nous avons visitée le 17 novembre se composait de 16 élèves (8 filles et 8 garçons). Lorsque nous leur avons demandé quel était leur souhait après cette année scolaire, pour autant qu’ils obtiennent le bac, toutes et tous, unanimement, ont levé le doigt pour dire qu’ils voulaient aller à l’université ou dans une école supérieure.

Mr Halidou Zalle, mathématicien, Proviseur du Lycée de Pissi

Pourtant, même si le développement de l’enseignement secondaire est une excellente chose pour l’avenir des jeunes à Pissi et dans les environs immédiats, le contexte reste très difficile. C’est ce que nous avons tenté de comprendre en rencontrant la direction de l’établissement dans un premier temps et l’ensemble du corps professoral  ensuite.

Selon Monsieur Halidou Zalle, le proviseur du lycée de Pissi – qui a fusionné avec le collège il y a peu – si les chiffres de fréquentation de l’enseignement secondaire semblent encourageants, il faut malgré tout déplorer un grand nombre d’abandons en cours d’année scolaire.

 

 

Entretien avec la direction du collège de Pissi le vendredi 12 novembre 2021 au Centre Béoogo Néere
La classe de terminale du lycée de Pissi

« Cela tient à de nombreux facteurs, précise-t-il, le coût des études bien évidemment, mais pas seulement. » Le fait que de nombreux élèves habitent loin du lycée est aussi problématique et lui fait dire: « pas de vélo, pas d’école ». Et, même avec un vélo, les pistes que doivent parcourir les étudiants provenant des confins de l’entité de Pissi sont parfois dans un tel état, surtout en saison des pluies, que l’exercice tient plus du cyclocross que de la ballade en toute sécurité ! « Cela contraint beaucoup d’élèves à ne pas prendre de risque en restant chez eux ». Il y a aussi le fait que certaines étudiantes se retrouvent enceintes et doivent abandonner leurs  études.  Il n’est pas rare de voir des jeunes filles de 20 ans et même plus âgées encore sur les bancs de l’école, non seulement au lycée, mais aussi au collège. Il y a peu d’information en matière d’éducation sexuelle et encore moins de moyens de contraception disponibles : cela favorise les grossesses « surprises » ! L’arrivée d’un bébé devient difficilement conciliable avec la poursuite des études.  Pour les garçons, l’attrait d’un emploi, très souvent précaire ou chimérique (par exemple dans les mines d’or), met parfois un terme au parcours scolaire quand ce ne sont pas les travaux des champs qui requièrent leurs bras. Une cantine scolaire serait aussi la bienvenue pour ces jeunes qui viennent de loin et qui doivent s’en remettre à une possibilité de restauration extrêmement aléatoire de la « cantine Etat » dont la dotation en riz  et en huile arrive parfois bien tard dans l’année scolaire et en quantité insuffisante.

 

Pour mieux encore nous rendre compte du fonctionnement du lycée, nous convenons, de commun accord avec le proviseur, d’une visite de l’établissement le mardi 16 novembre 2021. Une rencontre avec l’ensemble du corps enseignant est aussi au programme. C’est facile pour nous : le lycée se trouve à peine à 100 m du Centre Béoogo Néere.

Le lycée et le collège occupent un très vaste espace en pleine campagne et se répartissent de part et d’autre de la piste menant vers Doulougou, la commune voisine, au sud de Pissi. Les bâtiments sont récents et spacieux. Certains sont équipés en électricité (éclairage, ventilateurs et prises),  alimentée par du solaire photovoltaïque avec accumulateurs.  Toutefois, la puissance est insuffisante pour envisager une large utilisation de l’électricité au niveau pédagogique. Elle permet, tout au plus, le fonctionnement de deux ou trois ordinateurs, imprimantes, l’un ou l’autre ventilateur et un photocopieur pour les besoins de la direction et du secrétariat. Comme au Centre d’Education de Base Non Formel voisin, l’arrivée de la ligne électrique que l’on dit imminente est souhaitée avec force et attendue avec impatience.

 

Réunion avec les enseignants du lycée et du collège le 16 novembre 2021

Cette perspective de raccordement au réseau électrique permettra l’accès à toute une série d’outils pédagogiques.

Cela améliorera indéniablement la qualité de l’enseignement dispensé.  Les jeunes diplômés seront mieux formés, quel que soit leur avenir ensuite. Ils auront une meilleure connaissance et ouverture sur le monde.  Et ils pourront aussi entamer plus sereinement des études supérieures ou universitaires car ils auront pu utiliser les outils informatiques dans le cycle secondaire.

Mais, même dans l’attente du nouveau matériel avec l’arrivée de l’électricité, les professeurs manquent souvent de matériel indispensable.  La réunion du 16 novembre a été l’occasion de faire état de ce qui est et sera nécessaire. Ci-contre, vous trouverez une liste non exhaustive des besoins exprimés par les professeurs des différentes branches. Si vous, cher lecteur de  ce « Bulletin de Liaison », êtes en mesure de nous procurer des éléments de cette liste ou si vous connaissez des filières pour en obtenir, merci de bien vouloir prendre contact avec notre association par les modes de contact figurant en dernière page.

Merci à vous