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Le paludisme: un problème majeur de santé publique au Burkina Faso – Novembre 2019

A l’heure actuelle, plus de 90 pays restent encore confrontés à une transmission continue du paludisme (appelé aussi malaria, venant de l’italien « mal aria » qui signifie « mauvais air) et parmi eux 15 pays de l’Afrique subsaharienne concentrent 80% des cas de paludisme. Le Burkina Faso en fait partie avec des flambées épidémiques se manifestant principalement à la saison des pluies (mai à octobre).

 

C’est un problème majeur de santé publique pour les autorités burkinabés puisque le paludisme se place comme la première cause de consultation, d’hospitalisation et de décès dans les structures sanitaires. Les statistiques relevées entre 2013 et 2018 fluctuent autour de 46% pour ce qui est des consultations, entre 52,5% et 61,5% pour les hospitalisations et entre 30,5% et 34,2% pour ce qui est des décès.

 

Si on affine ces pourcentages en les concentrant sur les enfants de moins de 5 ans, ceci prend une tournure tout à fait dramatique puisque les statistiques des consultations en structures sanitaires gravitent autour de 54%, pour les hospitalisations: 63% et 49% pour les décès. Les femmes enceintes constituent également une tranche de la population très exposée au paludisme par transmission de la maladie par voie transplacentaire au foetus, seul cas de contamination humaine.

Pour donner un ordre de grandeur, selon le Bulletin épidémiologique du Ministère de la Santé, le Burkina Faso avait enregistré au cours du premier semestre 2018, 3.501.245 cas de paludisme sur une population totale un peu supérieure à 20.000.000 d’habitants et ceci uniquement pour les cas qui ont été relevés dans les structures de santé comme hôpitaux, CSPS, CMA, etc.

 

Le paludisme, qu’est-ce que c’est et que peut-il provoquer?

Le paludisme est une érythrocytopathie ou en termes plus simples: une affection des globules rouges du sang due à un hématozoaire du genre plasmodium (parasite protozoaire composé d’une seule cellule affectant les globules rouges du sang ). Le paludisme est transmis par la piqûre de la femelle du moustique Anophèle, elle-même infectée.

Dans un accès simple, il provoque frissons, chaleur, sueurs , fièvre, céphalées, myalgies, asthénie, nausées, vomissements, diarrhées et à tout moment, en quelques heures, il peut évoluer de « l’accès simple » vers un accès grave pouvant être rapidement mortel en l’absence d’une prise en charge adaptée.

Le paludisme à plasmodium falciparum (un des types les plus courants) chez un sujet non immun (jeune enfant en zone d’endémie, femme enceinte, expatrié, voyageur) est potentiellement grave et mortel avec : neuropaludisme (troubles de la conscience, coma), défaillance multi viscérale, perturbations métaboliques et hydroélectrolytiques, détresse respiratoire, insuffisance rénale, décès.

 

 

Le Burkina a mis et met en place de très nombreux programmes de lutte pour éradiquer cette maladie en s’attaquant d’une part à ses vecteurs  que sont les moustiques et, d’autre part, par la prise en charge des cas de paludisme ou par le traitement préventif des populations les plus fragiles ou exposées ou encore par l’approvisionnement des produits de lutte ou de soins.

Le pays est aidé en cela par nombre de partenaires intervenant dans la lutte contre le paludisme (Malaria Consortium, OMS, PMI, Fonds Mondial, Banque Mondiale, UNICEF) dont l’objectif serait, espèrent-ils, de placer le Burkina Faso sur le chemin de l’élimination du paludisme d’ici à l’horizon 2030 ».

 

 

Mais dans leur lutte contre le paludisme, les grandes organisations, tout comme le monde médical et pharmaceutique, ne peuvent que constater que le plasmodium, de quelque type qu’il soit, développe des résistances aux substances antipaludiques qui, elles-mêmes, ne sont pas sans effets secondaires parfois considérables.

 

 

Le paludisme à Pissi ?

La situation à Pissi sur le plan du paludisme s’inscrit tout à fait dans la problématique au niveau national confiait Abdou Kaboré, le major du CSPS de Pissi à Claudy Mohy lors d’un entretien en novembre 2019. Environ 80 % des personnes qui se présentent au dispensaire viennent avec un problème lié au paludisme et les moyens pour le combattre sont dérisoires. Ceci est également confirmé par les constatations faites lors des visites médicales scolaires de novembre 2019 qui on relevé 79 enfants et adolescents atteints du paludisme sur les 826 examinés.

 

Abdou KABORE, le major (infirmier en chef) du Centre de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) de Pissi

Il y a aussi la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide ou encore de pulvérisateurs pour  se protéger des vecteurs de la maladie, mais on se rend compte de plus en plus maintenant que les pyréthrinoïdes qui sont à la base des produits insecticides ont des effets délétères sur la santé humaine en termes de troubles des fonctions endocriniennes et de divers syndromes de neurotoxicité. Ils sont aussi préoccupants pour l’environnement avec des effets toxiques évidents affectant les abeilles notamment  comme les organismes aquatiques. Il n’est pas rare par exemple, comme nous avons pu le constater à plusieurs reprises, de voir les usages détournés que l’on fait des moustiquaires imprégnées en les utilisant pour emballer les denrées alimentaires afin de les mettre à l’abri des insectes ou encore en les utilisants comme filets de pèche dans les retenues d’eau.